
La poudreuse canadienne d’exception n’est pas un mythe, mais une science qui se maîtrise et une culture qui s’apprend, bien au-delà du simple choix d’une station.
- La fameuse « champagne powder » de l’Ouest est le résultat de conditions climatiques précises, créant une neige légère et profonde unique au monde.
- La sécurité en hors-piste repose sur un triptyque non négociable : équipement (DVA, pelle, sonde), formation certifiée (CSA/AST 1) et une conscience aiguë du facteur humain.
Recommandation : Avant de réserver un voyage, évaluez honnêtement votre niveau et choisissez votre « philosophie d’accès » (rando, catski, héliski) car elle définira la nature de votre aventure.
Pour tout skieur passionné, le son est familier : le grattement des carres sur la neige damée, le bourdonnement des remontées mécaniques, le brouhaha au sommet. C’est le quotidien du ski en station. Mais vient un moment où l’appel de l’autre versant se fait plus fort. L’envie de tracer la première ligne dans une étendue de neige vierge, de sentir la poudreuse voler par-dessus les épaules, de ne plus entendre que le sifflement de ses skis et le rythme de sa propre respiration. C’est la promesse du ski hors-piste, une quête quasi spirituelle pour le skieur expérimenté.
Le Canada, avec ses territoires immenses et ses montagnes légendaires, est souvent vu comme le Saint-Graal de cette quête. On parle de ses couloirs infinis, de ses forêts de sapins fantômes et, surtout, de sa neige. Beaucoup de guides se contentent de lister des destinations ou de vanter les mérites de l’héliski. Mais si la véritable clé pour accéder à cette expérience ultime n’était pas seulement de savoir *où* aller, mais de comprendre la *mécanique de la poudreuse* ? Comprendre pourquoi cette neige est si spéciale, comment y accéder de manière sécuritaire et quelle approche correspond vraiment à votre philosophie de la montagne.
Cet article n’est pas une simple liste de stations. C’est un guide stratégique pour le chasseur de poudreuse qui sommeille en vous. Nous allons décortiquer la science de la « champagne powder », comparer les différentes philosophies d’accès au terrain de jeu, explorer un lieu mythique, et surtout, bâtir les fondations d’une pratique sécuritaire et durable. Nous aborderons même d’autres aventures que l’hiver canadien réserve, pour une vision à 360 degrés de l’adrénaline au pays des grands espaces.
Avant de plonger dans les détails techniques de votre prochaine grande aventure, une pause s’impose. La vidéo suivante, un classique culturel, n’a rien à voir avec le ski, mais tout à voir avec l’engagement que nous prenons : celui de ne jamais vous abandonner dans votre quête de la poudreuse parfaite.
Maintenant que les esprits sont échauffés, ce guide vous propose une feuille de route complète pour transformer votre rêve de ski hors-piste canadien en une réalité maîtrisée. Des conditions météorologiques qui créent la neige parfaite aux détails logistiques de votre premier voyage, chaque section est une étape clé de votre préparation.
Sommaire : Votre guide complet du ski hors-piste au Canada
- La science de la « champagne powder » : pourquoi la neige de l’Ouest canadien est-elle si légère et si profonde ?
- Rando, catski ou héliski : quelle formule de ski hors-piste est faite pour vous (et votre budget) ?
- Rogers Pass : pourquoi ce col des Rocheuses est le paradis (et le test ultime) de tout skieur de randonnée
- Le triptyque de la sécurité en hors-piste : l’équipement, la formation et le facteur humain
- Votre premier trip de ski dans l’Ouest : le guide logistique pour ne rien laisser au hasard
- L’escalade de cascades de glace pour les débutants : une aventure hivernale plus accessible que vous ne le pensez
- Rocheuses ou Appalaches : quel parc national canadien est vraiment fait pour vous ?
- Canada, terre d’adrénaline : le guide ultime des aventures extrêmes que vous ne vivrez nulle part ailleurs
La science de la « champagne powder » : pourquoi la neige de l’Ouest canadien est-elle si légère et si profonde ?
Le terme « champagne powder » n’est pas qu’un argument marketing ; c’est un phénomène météorologique précis qui trouve sa pleine expression dans l’intérieur de la Colombie-Britannique et en Alberta. Pour un chasseur de poudreuse, comprendre sa formation est essentiel. Tout commence avec l’humidité du Pacifique. Les masses d’air chargées en eau traversent les montagnes côtières, plus chaudes et humides, où elles déversent une neige plus lourde. En continuant vers l’est, cet air s’assèche et refroidit brutalement au contact des Rocheuses et des chaînes Selkirk et Monashee. Ce choc thermique, combiné à une altitude élevée, crée des cristaux de neige dendritiques, très fins et avec une très faible teneur en eau (souvent entre 4% et 7%, contre 10-15% pour une neige plus classique). Le résultat est une neige incroyablement légère qui s’accumule en couches épaisses et stables, offrant cette sensation d’apesanteur tant recherchée.
Cette science a des conséquences directes sur le terrain. Des lieux comme la station de Revelstoke Mountain Resort sont mondialement reconnus pour incarner cet idéal. Ils bénéficient de ces conditions à une échelle spectaculaire. En effet, la station détient le record canadien des plus importantes chutes de neige, avec une accumulation annuelle frôlant parfois les 24 mètres et un manteau neigeux qui dépasse régulièrement les 10 mètres en plein hiver. C’est cette abondance, combinée à la qualité de la neige, qui crée un terrain de jeu quasi infini et des conditions de poudreuse qui se renouvellent constamment de décembre à mars.
Savoir reconnaître ces différentes qualités de neige est une compétence fondamentale pour tout skieur hors-piste. La neige des Rocheuses, bien que légère, peut aussi cacher des couches fragiles persistantes, un risque majeur en matière d’avalanches. À l’inverse, la neige plus humide des montagnes côtières de Whistler sera plus « portante » mais aussi plus lourde à skier. Apprendre à « lire » la neige en observant sa texture, sa cohésion et en consultant les bulletins d’Avalanche Canada devient alors aussi important que la technique de ski elle-même.
Rando, catski ou héliski : quelle formule de ski hors-piste est faite pour vous (et votre budget) ?
Une fois la poudreuse localisée, la question suivante est philosophique autant que financière : comment y accéder ? Votre choix entre le ski de randonnée (ou « backcountry »), le catski et l’héliski définira radicalement votre expérience de la montagne. Il ne s’agit pas seulement de budget, mais de votre rapport à l’effort, au temps et à la nature. Chaque formule a ses puristes et ses avantages.
Le ski de randonnée est la forme la plus pure et la plus exigeante. C’est la philosophie de « gagner ses virages ». Équipé de peaux de phoque sous les skis, le skieur gravit les pentes par ses propres moyens. C’est l’immersion totale, la solitude et la satisfaction inégalée d’atteindre un sommet par la force de ses jambes. C’est l’option la plus flexible et la moins coûteuse si l’on est autonome, mais elle demande une excellente condition physique, une connaissance pointue de la sécurité et beaucoup de temps pour une ou deux descentes mémorables dans la journée.
Le catski et l’héliski sont des approches mécanisées visant à maximiser le nombre de descentes en poudreuse vierge. Le catski utilise une dameuse aménagée pour transporter des groupes de 12 personnes vers des terrains exclusifs. C’est une formule conviviale et efficace, offrant un excellent ratio descentes/prix. L’héliski, lui, est le fantasme ultime : un hélicoptère vous dépose sur des sommets inaccessibles pour enchaîner les descentes dans des paysages grandioses. C’est l’optimisation absolue du temps de ski en poudreuse, mais c’est aussi la formule la plus onéreuse et la plus dépendante des conditions météorologiques. Une journée de mauvais temps peut clouer l’hélicoptère au sol.

Enfin, le slackcountry (ou « sidecountry ») représente un compromis populaire : il s’agit d’utiliser les remontées mécaniques d’une station pour accéder facilement à des itinéraires hors-piste situés juste à l’extérieur des limites du domaine skiable. Moins coûteux et plus accessible, il ne faut cependant jamais oublier que dès que l’on franchit la corde, on entre dans un environnement non sécurisé qui exige les mêmes connaissances et le même équipement que le hors-piste intégral.
Pour vous aider à y voir plus clair, le tableau suivant synthétise les caractéristiques clés de chaque formule, basé sur une analyse des offres de ski hors-piste au Canada.
| Formule | Budget/jour (CAD) | Profil philosophique | Avantages | Contraintes |
|---|---|---|---|---|
| Ski de randonnée | 600-800$ (guide privé) | L’effort, la solitude, la satisfaction du sommet gagné | Liberté totale, immersion nature | Condition physique requise, montée 2-4h |
| Catski | 700-1000$ | Expérience de groupe, convivialité, maximum de descentes | Accès terrain vierge, 10-15 runs/jour | Groupes de 12 personnes, moins flexible |
| Héliski | 1500-2500$ | Quête de l’inaccessible, optimisation du temps | Terrain exclusif, 12-20 000m dénivelé/jour | Météo-dépendant, budget conséquent |
| Slackcountry | ~200$ (journée station) | Compromis accessible depuis les remontées | Facilité d’accès, coût réduit | Mêmes risques qu’en backcountry intégral |
Rogers Pass : pourquoi ce col des Rocheuses est le paradis (et le test ultime) de tout skieur de randonnée
Il existe des lieux qui, par leur simple nom, font battre le cœur des passionnés. Pour les skieurs de randonnée nord-américains, Rogers Pass est de ceux-là. Situé au cœur du parc national des Glaciers en Colombie-Britannique, ce col n’est pas une station de ski, mais un sanctuaire du ski hors-piste, une zone sauvage réglementée qui représente à la fois le nirvana et l’examen final de tout skieur qui se respecte. Sa réputation repose sur deux piliers : un terrain exceptionnel et un niveau d’exigence sans compromis en matière de sécurité.
Le terrain de Rogers Pass est tout simplement monumental. Avec plus de 130 itinéraires d’avalanche répertoriés traversant la route Transcanadienne, la complexité est partout. Le col offre un accès direct à des dénivelés de plus de 1500 mètres, des bols alpins vertigineux, des couloirs engagés et des forêts parfaitement espacées pour un ski d’anthologie. C’est ici que la « champagne powder » des Rocheuses s’exprime pleinement, avec des accumulations qui se mesurent en mètres. Mais cette abondance a un prix : c’est l’un des environnements les plus actifs au monde en matière d’avalanches, géré par un programme de déclenchement préventif de l’armée canadienne pour sécuriser l’autoroute. Skier ici, c’est accepter de naviguer dans un territoire où la nature a toujours le dernier mot.
L’engagement y est total, même à proximité de la civilisation. Comme le résume crûment le guide de montagne québécois Jean-Philippe Poulin dans le documentaire « La dernière descente », le danger est omniprésent :
On peut cogner un arbre, s’assommer à 1km du parking et coucher là.
– Jean-Philippe Poulin, La dernière descente (FQME)
Cette phrase illustre la réalité du ski à Rogers Pass : l’isolement est immédiat et les conséquences d’une erreur peuvent être graves. C’est pourquoi une préparation minutieuse est la seule approche possible. Il est impératif d’avoir une formation avancée en sécurité avalanche (CSA/AST 2 recommandé), de savoir lire un terrain complexe et de planifier sa sortie en fonction du bulletin d’avalanche quotidien et des zones d’accès ouvertes ou fermées par Parcs Canada. Pour un premier séjour, une progression logique est de commencer par des itinéraires plus simples avant de s’attaquer aux grandes classiques, idéalement en compagnie d’un guide local certifié ACMG.
Le triptyque de la sécurité en hors-piste : l’équipement, la formation et le facteur humain
S’aventurer en hors-piste sans la maîtrise des principes de sécurité est tout simplement impensable. L’expérience de la poudreuse ne peut exister sans une culture de la sécurité profondément ancrée. Cette culture repose sur un triptyque indissociable : le bon équipement, la formation adéquate pour l’utiliser, et la conscience du « facteur humain », souvent le maillon le plus faible. Négliger l’un de ces trois piliers, c’est jouer à la roulette russe avec la montagne. L’hiver 2023-2024 a été moins meurtrier que la moyenne, mais il rappelle que le risque zéro n’existe pas : 13 personnes ont perdu la vie dans des avalanches au Canada, un chiffre qui, bien qu’en baisse par rapport à la moyenne décennale, souligne la permanence du danger.
Le premier pilier est l’équipement. Le triptyque DVA-pelle-sonde (Détecteur de Victimes d’Avalanches, pelle en métal, sonde) est la base absolue. Chaque membre du groupe doit non seulement posséder cet équipement, mais aussi savoir s’en servir sous stress et le vérifier avant chaque sortie. À cela s’ajoute aujourd’hui le sac à dos airbag, un équipement qui a prouvé son efficacité pour augmenter les chances de survie en cas d’ensevelissement, mais qui ne doit jamais être considéré comme un joker pour prendre plus de risques.

Le deuxième pilier, et sans doute le plus crucial, est la formation. Posséder le matériel ne sert à rien sans les connaissances pour l’utiliser et, surtout, pour éviter d’avoir à s’en servir. Au Canada, le standard est la formation « Cours de Sécurité en Avalanche » (CSA 1), ou « Avalanche Skills Training » (AST 1) en anglais. Ce cours de deux jours, dispensé par des organismes reconnus par Avalanche Canada, est le passage obligé. Il enseigne les bases pour comprendre le manteau neigeux, interpréter le bulletin d’avalanche, reconnaître les terrains à risque, planifier une sortie sécuritaire et effectuer un sauvetage. C’est l’investissement le plus rentable pour votre sécurité.
Le troisième pilier est le plus subtil et le plus dangereux : le facteur humain. C’est l’ensemble des biais cognitifs qui nous poussent à prendre de mauvaises décisions en montagne, même avec une bonne formation. L’excès de confiance après une belle descente, la pression du groupe pour atteindre un sommet (« summit fever »), la tendance à suivre une trace existante sans réfléchir, ou la simple fatigue sont autant de pièges mentaux. Apprendre à se connaître, à communiquer ouvertement au sein du groupe, à savoir dire « non » et faire demi-tour est la compétence la plus avancée en ski hors-piste. C’est la marque d’un véritable expert, bien plus qu’une descente parfaite dans une pente raide.
Votre premier trip de ski dans l’Ouest : le guide logistique pour ne rien laisser au hasard
Transformer le rêve de la « champagne powder » en réalité demande une planification rigoureuse. Un voyage de ski hors-piste dans l’Ouest canadien, notamment le long du fameux « Powder Highway » en Colombie-Britannique, n’est pas un séjour que l’on improvise. La logistique est une composante essentielle de la sécurité et de la réussite de votre aventure. De la location de voiture au choix de l’hébergement, chaque détail compte.
Le point d’entrée le plus stratégique pour explorer le cœur de la poudreuse est souvent l’aéroport de Kelowna (YLW). Il offre des connexions faciles depuis les grands hubs canadiens (Vancouver, Toronto, Calgary) et vous place à une distance de conduite raisonnable de plusieurs destinations majeures comme Revelstoke, Big White ou Silver Star. La location d’un véhicule est indispensable, et il est non négociable d’exiger un modèle équipé de pneus d’hiver certifiés (avec le pictogramme de la montagne et du flocon). Les conditions routières sur les cols de montagne peuvent changer en quelques minutes et la loi l’exige sur la plupart des autoroutes de la province en hiver.
L’hébergement doit être réservé bien à l’avance, surtout pendant les périodes de pointe (Noël, février). Les options varient des hôtels au pied des pistes aux locations de type Airbnb en ville, offrant plus de flexibilité pour explorer différentes zones. Il faut également prévoir un budget pour les forfaits de ski (si vous prévoyez du slackcountry), la nourriture et, surtout, les imprévus. Le meilleur moment pour viser la poudreuse s’étend généralement de la mi-janvier à la mi-mars, lorsque le manteau neigeux est bien établi et que les tempêtes sont fréquentes.
Avant même de boucler vos valises, un point crucial est de s’assurer d’avoir suivi la formation adéquate. Comme vu précédemment, le cours CSA 1 / AST 1 est le prérequis minimum. Il coûte entre 299$ et 409$ CAD et peut être suivi au Québec ou n’importe où au Canada auprès de fournisseurs certifiés. Partir sans cette certification est non seulement dangereux, mais aussi irrespectueux envers vos partenaires et les secouristes potentiels.
Votre plan d’action : Organiser un road-trip sur la Powder Highway
- Arrivée à l’aéroport de Kelowna (YLW) via des vols directs depuis Toronto, Vancouver ou Calgary.
- Location d’une voiture avec pneus d’hiver obligatoires (prévoir environ 150-200$/jour).
- Route vers Revelstoke : 2h30 via la Highway 1 (toujours vérifier les conditions sur DriveBC.ca avant de partir).
- Hébergement à Revelstoke ou dans les environs : prévoir 150-300$/nuit selon le type de logement.
- Planification : Prévoir un minimum de 5 jours pour explorer 2 à 3 zones (ex: Revelstoke, Kicking Horse, Rogers Pass) et intégrer des journées de repos ou de météo défavorable.
L’escalade de cascades de glace pour les débutants : une aventure hivernale plus accessible que vous ne le pensez
Une fois que l’on a goûté à la verticalité et à l’adrénaline de la haute montagne en hiver, il est naturel de se demander : et après ? Lorsque la quête de la ligne parfaite dépasse les pentes enneigées, un autre univers se dévoile : celui du monde figé des cascades de glace. Contrairement à son image extrême, l’escalade de glace est une activité hivernale étonnamment accessible aux débutants, pour peu qu’elle soit encadrée par des professionnels.
L’initiation à l’escalade de glace se concentre sur des techniques de base dans un environnement très sécurisé, souvent sur des parois de faible inclinaison appelées « moulinettes » (top-rope). Le principe est simple : la corde est déjà installée au sommet de la cascade, assurant le grimpeur par le haut. Il n’y a donc aucun risque de chute. L’objectif est d’apprendre le mouvement fondamental : le « swing » précis des piolets pour obtenir un ancrage solide, et le placement des pieds équipés de crampons pour progresser vers le haut. C’est un mélange de force, de technique et, surtout, de confiance dans le matériel.
Le Canada, et en particulier les Rocheuses autour de Canmore et Banff, est l’un des meilleurs endroits au monde pour s’initier. La région regorge de sites d’initiation célèbres comme le Johnston Canyon, où des dizaines de cascades se forment chaque hiver, offrant des conditions parfaites pour l’apprentissage. De nombreuses compagnies de guides proposent des journées d’initiation où tout le matériel technique est fourni : casque, harnais, piolets, crampons et chaussures rigides. L’investissement initial pour le participant est donc minime.
Cette activité est une excellente discipline complémentaire pour le skieur de haute montagne. Elle développe la force du haut du corps, la précision des gestes et, plus important encore, une meilleure compréhension de l’environnement alpin en hiver. Savoir comment la glace se forme, comment elle réagit à la température et comment utiliser des crampons et un piolet sont des compétences qui peuvent s’avérer vitales dans certaines situations de ski-alpinisme. C’est une façon différente d’interagir avec la montagne, une danse verticale et silencieuse sur une œuvre d’art éphémère sculptée par le froid.
Rocheuses ou Appalaches : quel parc national canadien est vraiment fait pour vous ?
Cette quête de l’aventure ultime dépend aussi d’un choix fondamental : le terrain de jeu. Le Canada offre deux grandes chaînes de montagnes, deux philosophies, deux types d’expériences radicalement différents pour le skieur aventurier : les Rocheuses à l’Ouest et les Appalaches à l’Est. Le choix entre un parc national comme Banff dans les Rocheuses et un parc comme celui de la Gaspésie dans les Appalaches québécoises n’est pas anodin ; il conditionne la nature même de votre ski.
Les Rocheuses, incarnées par les parcs nationaux de Banff, Jasper ou des Glaciers, sont synonymes de démesure. C’est le royaume de la haute altitude, des glaciers, des dénivelés qui dépassent souvent les 1500 mètres et, bien sûr, de la « champagne powder ». Le ski ici est alpin, souvent au-dessus de la limite des arbres, dans des bols immenses et des couloirs vertigineux. C’est un environnement qui impose l’humilité. L’échelle est si vaste que la logistique et la gestion du risque deviennent primordiales. C’est le choix évident pour le skieur en quête de grands espaces, de conditions de neige exceptionnelles et d’un sentiment d’isolement au cœur d’une nature puissante et sauvage.
Les Appalaches, et plus particulièrement les monts Chic-Chocs dans le parc national de la Gaspésie, offrent une expérience différente mais tout aussi authentique. Ici, pas de sommets à 3000 mètres ni de glaciers. Les montagnes sont plus anciennes, plus arrondies, et le ski se pratique principalement en forêt ou sur des sommets dénudés par le vent. Le dénivelé est plus modeste (typiquement 300 à 600 mètres), mais le terrain est technique, ludique et souvent très exigeant. La grande particularité des Chic-Chocs est leur manteau neigeux de type maritime, qui reçoit d’énormes quantités de neige de l’Atlantique. La neige y est souvent plus dense que dans l’Ouest, mais l’abondance est légendaire. C’est un ski plus intime, plus technique, avec un caractère « côte est » bien trempé : conditions météo changeantes, navigation complexe et une culture de la résilience.
En résumé, le choix est presque philosophique. Les Rocheuses sont pour le skieur qui recherche la grandeur alpine et la qualité de neige ultime. Les Appalaches, et notamment les Chic-Chocs, sont pour le skieur qui aime le défi technique, le ski en forêt serrée et l’ambiance unique d’une chaîne de montagnes côtière isolée. Les deux offrent des aventures inoubliables, mais ne répondent pas aux mêmes aspirations. Choisir son camp, c’est déjà commencer à définir le skieur de hors-piste que l’on veut devenir.
À retenir
- La « champagne powder » de l’Ouest canadien est un phénomène scientifique dû à un air froid et sec, créant une neige unique au monde.
- La sécurité est un triptyque non négociable : l’équipement (DVA-pelle-sonde), la formation certifiée (CSA/AST 1) et la gestion du facteur humain sont indissociables.
- Le choix entre ski de randonnée, catski et héliski est une décision philosophique sur votre rapport à l’effort et à la montagne, autant qu’un choix budgétaire.
Canada, terre d’adrénaline : le guide ultime des aventures extrêmes que vous ne vivrez nulle part ailleurs
La quête de la poudreuse parfaite, comme nous l’avons vu, est bien plus qu’une simple activité sportive. C’est une porte d’entrée vers une compréhension plus profonde de la montagne, de ses règles et de ses récompenses. C’est une discipline qui forge le caractère, aiguise les sens et impose le respect. Mais cette aventure n’est qu’une facette de l’immense terrain de jeu qu’est le Canada pour les amateurs d’adrénaline et de grands espaces.
L’expertise que vous développez en ski hors-piste — la lecture de terrain, la gestion du risque, la planification logistique, la résilience face aux éléments — devient une compétence transversale. Elle vous ouvre les portes d’un univers d’aventures où le Canada excelle. Pensez à l’escalade de glace dans les canyons gelés de l’Alberta, au kayak en eaux vives sur les rivières tumultueuses de la Colombie-Britannique, ou au canot-camping sur les milliers de lacs sauvages de l’Ontario et du Québec. Chaque saison offre son lot de défis et de paysages à couper le souffle.
Ce qui rend l’expérience canadienne unique, c’est cette combinaison d’immensité sauvage et de culture de la sécurité. Le pays offre des territoires parmi les plus reculés de la planète, mais a également développé un écosystème de guides professionnels, de formations certifiées et d’organismes de sécurité (comme Avalanche Canada) de renommée mondiale. Il est possible de repousser ses limites personnelles dans un cadre où le risque est compris, analysé et géré, et non simplement subi.
En fin de compte, que ce soit en traçant une ligne parfaite dans la poudreuse des Selkirks, en plantant ses piolets dans une cascade de glace bleutée ou en pagayant sur un lac miroir au milieu de la forêt boréale, l’aventure canadienne repose sur un même principe : un engagement total dans une nature grandiose. Le ski hors-piste n’est souvent que le début du voyage.
La poudreuse n’attend que vous. L’étape suivante consiste à évaluer honnêtement votre niveau, à vous former sérieusement et à planifier la première trace de votre plus grande aventure à ce jour.
Questions fréquentes sur le ski hors-piste au Canada
Mon assurance voyage couvre-t-elle le ski hors-piste au Canada?
La plupart des assurances voyage de base ne couvrent PAS le ski hors-piste, le catski ou l’héliski. Vérifiez la clause ‘sports d’aventure’ ou souscrivez une assurance spécialisée comme Tugo ou World Nomads.
Faut-il une adhésion à la FQME pour skier au Québec?
L’adhésion à la FQME (Fédération Québécoise de la Montagne et de l’Escalade), autour de 65$ par an, n’est obligatoire que pour certains sites aménagés. Elle inclut cependant une assurance responsabilité civile mondiale et une protection accident au Canada, ce qui est fortement recommandé pour toute pratique du hors-piste.
Comment reconnaître les territoires des Premières Nations où l’on skie?
Il est primordial de reconnaître que nous skions sur des territoires traditionnels non cédés. Utilisez des outils comme l’application ‘Whose Land’ pour identifier les nations sur le territoire desquelles vous vous trouvez (par exemple, les Ktunaxa, Sinixt et Secwépemc en Colombie-Britannique). Une visite dans les centres culturels locaux, comme le Squamish Lil’wat Cultural Centre à Whistler, est une excellente façon de témoigner son respect et d’en apprendre davantage.