Publié le 15 mars 2024

Cessez de subir le marché : la véritable clé pour accélérer votre patrimoine immobilier au Canada n’est pas l’appréciation passive, mais la fabrication active de valeur en optimisant une seule métrique : le Revenu Opérationnel Net (RON).

  • La stratégie BRRRR n’est pas une simple recette, mais un moteur pour maximiser la vélocité de votre capital en recyclant vos mises de fonds.
  • Chaque rénovation doit être un investissement calculé pour augmenter le RON, pas une dépense esthétique.

Recommandation : Adoptez une mentalité d’opérateur commercial. Analysez chaque bien et chaque décision à travers le prisme de son impact sur le RON pour présenter un dossier irréfutable aux prêteurs et décupler votre croissance.

Vous possédez déjà quelques portes. Vous avez suivi les conseils classiques, acheté des plex, et vous attendez patiemment que le marché fasse son œuvre. Pourtant, vous sentez ce plateau, cette impression que votre croissance ralentit, que vous subissez les cycles au lieu de les maîtriser. La plupart des investisseurs s’arrêtent là, prisonniers d’une stratégie passive qui repose sur l’espoir que la valeur de leurs biens augmentera seule avec le temps.

On vous a sans doute répété qu’il fallait « bien rénover » et « trouver de bons locataires ». Ces conseils, bien que justes, ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Ils omettent le moteur principal de la création de richesse agressive en immobilier. La question n’est pas seulement « comment améliorer mon immeuble ? », mais « comment transformer mon immeuble en une machine à cash-flow optimisée qui séduira les évaluateurs et les banquiers ? ».

Et si la véritable clé n’était pas l’appréciation que vous subissez, mais celle que vous forcez ? Cet article brise le mythe de l’investisseur passif. Nous allons vous armer de la mentalité et des outils d’un « fabricant de valeur ». Oubliez l’attente. Ici, on parle d’ingénierie financière, d’optimisation chirurgicale et de stratégies proactives pour prendre le contrôle. Vous découvrirez comment chaque décision, de la plus petite rénovation à la structure de votre financement, doit servir un seul et unique objectif : augmenter drastiquement votre Revenu Opérationnel Net (RON), car c’est le langage que parle la valeur.

Cet article est votre plan de match pour passer au niveau supérieur. Nous allons décortiquer les stratégies qui permettent de créer de la valeur à partir de rien ou presque, d’optimiser vos actifs existants pour en extraire plus de revenus, et de transformer cette valeur en capital liquide pour accélérer votre expansion. Suivez ce guide pour apprendre à penser et à agir comme les investisseurs qui ne subissent jamais le marché, mais le façonnent à leur avantage.

La méthode BRRRR : la stratégie immobilière qui vous permet d’acheter des immeubles sans utiliser votre propre argent (ou presque)

La méthode BRRRR (Buy, Renovate, Rent, Refinance, Repeat) n’est pas qu’un acronyme à la mode; c’est un véritable système pour augmenter la vélocité de votre capital. L’objectif n’est pas seulement d’acheter un bien, mais de recycler votre mise de fonds initiale le plus rapidement possible pour la réinvestir. Vous cessez d’immobiliser votre argent pour le mettre en mouvement perpétuel. C’est la différence fondamentale entre bâtir un patrimoine sur 30 ans et le faire en moins d’une décennie.

La première étape, « Acheter », consiste à dénicher une propriété où vous pouvez créer un arbitrage de valeur. Il ne s’agit pas de trouver une aubaine, mais un immeuble dont le potentiel de Revenu Opérationnel Net (RON) est sous-exploité. Ensuite, la « Rénovation » n’est pas une question de décoration, mais d’ingénierie financière : chaque dollar investi doit générer plus d’un dollar en augmentation de loyer ou en réduction de dépenses. « Louer » se fait alors au prix maximum du marché, justifié par les améliorations. C’est cette augmentation drastique du RON qui va convaincre l’évaluateur lors du « Refinancement ».

Le Saint-Graal de cette stratégie est d’arriver à un point où le refinancement vous rend la totalité de votre mise de fonds et des coûts de rénovation. À ce moment, votre retour sur investissement devient mathématiquement infini, car votre capital investi dans le projet est de zéro. C’est ainsi que des investisseurs canadiens aguerris construisent des parcs impressionnants. L’investisseur ontarien Matt McKeever, par exemple, a bâti un portefeuille de plus de 120 unités en appliquant rigoureusement cette stratégie, prouvant son efficacité dans des marchés comme le sud-ouest de l’Ontario.

Cependant, le contexte canadien impose une contrainte majeure à connaître : la plupart des prêteurs canadiens exigent de conserver la propriété pendant plus d’un an avant d’autoriser un refinancement basé sur la nouvelle évaluation. Cette période de « seasoning » doit être intégrée dans vos calculs de liquidités. Une fois le capital récupéré, vous êtes prêt pour la dernière étape, la plus excitante : « Répéter ».

Rénover pour louer : les travaux qui augmentent vraiment la valeur et les loyers, et ceux qui sont une pure perte d’argent

Dans une stratégie de valorisation forcée, chaque rénovation doit être une décision d’affaires, pas un coup de cœur. La question à se poser n’est pas « est-ce que ce sera joli ? », mais « combien de dollars supplémentaires ce travail va-t-il ajouter à mon Revenu Opérationnel Net (RON) ? ». Des finitions haut de gamme dans un quartier ouvrier n’augmenteront pas le loyer et constituent une pure perte de capital. Votre mission est d’identifier les améliorations qui ont un impact direct sur le loyer potentiel et la valeur perçue par l’évaluateur.

Les travaux les plus rentables sont ceux qui corrigent des défauts majeurs ou améliorent la fonctionnalité de base de l’unité. Un toit neuf, par exemple, est un argument de poids lors du refinancement, car il élimine un risque majeur pour le prêteur. Mais les véritables multiplicateurs de valeur sont souvent les cuisines et les salles de bain. Une mise à jour moderne et fonctionnelle de ces deux pièces peut justifier une augmentation de loyer significative et attirer des locataires de meilleure qualité, réduisant ainsi les risques de vacance.

L’ajout de chambres ou de salles de bain, si la structure le permet, est une autre stratégie puissante. Passer d’un 3 1/2 à un 4 1/2 change la classification même du bien et ouvre la porte à une clientèle plus large, comme les jeunes familles. L’expert immobilier canadien Matt McKeever souligne également l’impact de plus petites additions, en expliquant dans une entrevue pour Landlord Studio :

Les rénovations stratégiques, comme (au moins dans mon marché) l’ajout de lave-vaisselle ou de buanderie aux unités peuvent nous permettre de commander un prix de location plus élevé.

– Matt McKeever, Landlord Studio Podcast

Ce type d’amélioration, peu coûteux mais très demandé, est un exemple parfait d’investissement ciblé qui augmente directement le RON. L’analyse des rénovations rentables par rapport à celles qui sont de simples dépenses est cruciale pour ne pas voir ses marges s’éroder.

Le tableau suivant résume les types de rénovations à privilégier et à éviter dans un contexte canadien de valorisation locative.

Analyse du Retour sur Investissement des Rénovations au Canada
Type de rénovation Impact sur la valeur ROI estimé
Toiture neuve Très élevé lors du refinancement Excellent
Cuisine & Salle de bain Augmente le plus la valeur et désirabilité locative Très élevé
Ajout de chambres/salles de bain Impact direct sur la classification du bien Élevé
Finitions haut de gamme dans quartier ouvrier Aucun revenu locatif supplémentaire Négatif

L’art d’optimiser ses revenus locatifs : comment augmenter votre cash-flow sans acheter un nouvel immeuble

Augmenter son patrimoine ne signifie pas seulement acheter plus de portes. C’est aussi extraire la valeur maximale de celles que vous possédez déjà. L’optimisation des revenus locatifs est un art qui transforme un immeuble moyen en une véritable machine à cash-flow. L’objectif est simple : faire grimper votre Revenu Opérationnel Net (RON), ce qui augmente mécaniquement la valeur de l’actif lors de son évaluation.

Une des heuristiques les plus connues dans le milieu des investisseurs aguerris au Canada est la « règle du 1% ». Popularisée par des experts comme Matt McKeever, elle stipule que les revenus locatifs bruts mensuels devraient idéalement représenter 1% du coût total d’acquisition de l’actif (prix d’achat + rénovations). Si vous achetez et rénovez un bien pour 300 000 $, vous devriez viser des loyers mensuels de 3 000 $. Bien que difficile à atteindre dans les grands centres comme Toronto ou Vancouver, cette règle reste un excellent indicateur de performance et un objectif à viser dans de nombreux marchés canadiens, notamment les villes universitaires ou les centres secondaires en croissance.

Gros plan sur des clés de propriétés multiples avec étiquettes de prix croissants

Au-delà des rénovations, plusieurs leviers permettent de maximiser les loyers. Cibler des clientèles spécifiques, comme les étudiants, et opter pour une stratégie de location à la chambre peut décupler les revenus par rapport à une location traditionnelle. Dans d’autres cas, il s’agit de « monétiser » des espaces ou services auparavant négligés : louer des espaces de stationnement ou de stockage séparément, ou encore ajouter des services payants comme une buanderie si elle n’existe pas. Chaque dollar de revenu supplémentaire, aussi petit soit-il, a un effet multiplicateur sur la valeur finale de votre immeuble, car les évaluateurs commerciaux capitalisent le RON pour déterminer la valeur.

Le processus est un cercle vertueux : vous réalisez des rénovations ciblées, vous louez l’unité au prix maximal justifié par sa nouvelle condition, et vous utilisez cette augmentation spectaculaire des revenus comme preuve tangible pour l’évaluateur. C’est ainsi que vous « fabriquez » de la valeur, en démontrant par les chiffres que votre actif génère désormais plus de profits qu’auparavant.

Le refinancement : l’arme secrète des investisseurs pour transformer leurs briques en capital liquide

Le refinancement hypothécaire est le pivot de la stratégie BRRRR et le catalyseur de la croissance rapide. C’est à cette étape que la valeur que vous avez « fabriquée » se transforme en capital tangible et réutilisable. L’objectif n’est pas simplement d’obtenir un nouveau prêt, mais de convaincre le prêteur que la valeur de votre bien a tellement augmenté que vous pouvez non seulement rembourser le prêt initial, mais aussi récupérer votre mise de fonds et le coût des travaux. C’est l’étape qui libère votre capital et vous permet de repartir à la chasse.

Le processus repose entièrement sur la nouvelle évaluation de la propriété. C’est là que vos efforts d’optimisation du Revenu Opérationnel Net (RON) portent leurs fruits. Un évaluateur ne se fie pas seulement à l’état physique du bien ; il analyse en profondeur les baux, les revenus et les dépenses. En présentant des loyers significativement plus élevés qu’à l’achat, vous apportez la preuve irréfutable que la valeur opérationnelle de l’immeuble a été transformée. C’est ce qui justifie une évaluation supérieure.

L’investisseur Matt McKeever a systématisé ce processus au point de créer une entreprise dédiée au BRRRR sur des immeubles multilogements au Canada. Sa méthode est simple et redoutablement efficace : acheter, rénover pour atteindre l’utilisation optimale, relouer à un tarif premium, puis retourner voir le prêteur avec un dossier solide pour refinancer et extraire le capital. Cette approche lui a permis d’acquérir environ 70 unités en seulement huit mois au sein d’une seule de ses entités, souvent sans y injecter de nouveau capital personnel.

Toutefois, les investisseurs au Canada doivent faire preuve de patience. Comme mentionné précédemment, la plupart des grandes banques ont des politiques de « seasoning » qui vous empêchent de refinancer sur la base de la nouvelle valeur (After Repair Value – ARV) avant un certain délai, souvent une année complète. Planifier cette attente est crucial pour la gestion de vos liquidités. Une fois cette période passée et le refinancement approuvé, votre capital est de nouveau disponible, prêt à être déployé sur le prochain projet. C’est ce cycle rapide de déploiement et de récupération qui crée l’effet boule de neige patrimoniale.

Le côté obscur de la valorisation forcée : comment l’excès d’optimisme peut vous mener à la faillite immobilière

La stratégie de valorisation forcée, et en particulier le BRRRR, est extrêmement puissante, mais elle est aussi un jeu à haut risque où l’optimisme excessif peut être fatal. Chaque étape du processus recèle des pièges qui peuvent transformer un projet prometteur en un gouffre financier. L’antidote est une seule chose : des calculs rigoureux et conservateurs. Comme le rappelle un guide spécialisé de RankMyAgent sur le marché canadien :

Un projet BRRRR réussi repose sur des calculs précis. S’ils ne fonctionnent pas, vous pourriez subir une perte ou avoir un flux de trésorerie insuffisant pour payer les factures à temps. Cela pourrait être désastreux. Les chiffres incluent le prix d’achat, le coût des rénovations, les services publics, les taxes et plus. La valeur rénovée détermine ultimement combien d’argent vous pouvez extraire via le refinancement.

– RankMyAgent, Guide BRRRR Canada

Le premier risque majeur est celui de l’évaluation. Vous pouvez avoir fait des rénovations magnifiques, si l’évaluateur estime que la valeur n’a pas augmenté autant que prévu, vous ne pourrez pas récupérer votre capital. C’est un risque particulièrement présent dans les marchés surchauffés comme le Grand Toronto (GTA) ou Vancouver (GVA), où la valeur est souvent dictée par le terrain, un élément sur lequel vous n’avez aucun contrôle. Votre analyse doit se concentrer sur des marchés où la valeur du bâtiment lui-même a encore un potentiel de croissance.

Les risques de construction sont un autre front. Les retards, la mauvaise gestion des entrepreneurs ou une flambée inattendue du coût des matériaux peuvent faire exploser votre budget et vos délais, compromettant la rentabilité du projet. De même, les difficultés de refinancement ne sont pas à sous-estimer. Les grandes banques canadiennes peuvent se montrer frileuses face à ce type de montage, vous forçant parfois à vous tourner vers des prêteurs alternatifs (type « B ») ou privés, à des taux beaucoup moins avantageux qui viendront gruger votre cash-flow.

Ne pas anticiper ces risques, c’est naviguer à l’aveugle. Une analyse de sensibilité – « que se passe-t-il si mes coûts de réno augmentent de 20% et que mon évaluation est 15% plus basse que prévu ? » – n’est pas une option, c’est une obligation.

Votre checklist d’audit des risques BRRRR

  1. Points de contact (Risques) : Lister tous les points de défaillance potentiels du projet : l’évaluateur, le prêteur, les entrepreneurs, la demande locative du marché.
  2. Collecte (Chiffres) : Inventorier et valider TOUS les coûts (achat, rénovations, frais de financement, taxes, services) et la valeur locative projetée de manière conservatrice.
  3. Cohérence (Scénarios) : Confronter vos chiffres à des scénarios pessimistes (dépassement de budget de 20 %, évaluation finale -15 %). Votre Revenu Opérationnel Net tient-il encore la route ?
  4. Mémorabilité/Émotion (Analyse de marché) : Repérer les signes d’un optimisme déconnecté de la réalité locale. La valeur que vous espérez créer provient-elle du bâtiment ou est-elle basée sur la spéculation sur la valeur du terrain ?
  5. Plan d’intégration (Contingence) : Définir des plans B clairs (accès à un prêteur privé, stratégie de location sans refinancement immédiat) et prévoir un fonds de contingence solide (15-20 % du budget de rénovation).

L’inspection pré-achat : l’étape que vous ne devez jamais négliger et qui peut vous sauver de la faillite

Pour un fabricant de valeur, l’inspection pré-achat n’est pas une simple formalité pour cocher une case. C’est une mission de reconnaissance stratégique. Votre objectif n’est pas de trouver une maison parfaite, mais de trouver une maison avec les « bons » problèmes : ceux qui effraient les acheteurs traditionnels mais que vous savez pouvoir résoudre de manière rentable. C’est ici que vous identifiez le véritable potentiel d’arbitrage de valeur.

Dans un marché canadien compétitif, les propriétés qui restent sur le marché sont souvent celles qui présentent des défauts apparents. Une forte odeur, une cuisine datée, une plomberie à refaire… Voilà ce qui fait fuir 99% des gens. Pour vous, c’est une opportunité en or. Comme le dit l’adage chez les « house-flippers », « l’odeur de l’urine de chat, c’est l’odeur de l’argent ». Ces problèmes cosmétiques ou mécaniques, bien que repoussants, sont souvent moins chers à corriger que des problèmes structurels cachés.

Inspecteur examinant les fondations d'une maison canadienne avec équipement professionnel

L’inspection vous permet de distinguer les deux. Un inspecteur qualifié ira au-delà de la surface pour évaluer l’intégrité des fondations, l’état de la toiture, l’âge du système électrique et de la plomberie. Ce sont les « mauvais » problèmes, ceux qui peuvent engloutir votre budget de rénovation et anéantir votre marge. Un drain français à refaire ou un problème de moisissure généralisé sont des signaux d’alarme qui doivent vous faire recalculer, voire abandonner le projet.

Votre rôle, accompagné de l’inspecteur, est de quantifier le coût de la remise à neuf. Le rapport d’inspection devient votre première ébauche de budget de rénovation. Il vous permet de négocier le prix d’achat avec des arguments solides ou de confirmer que la marge entre le prix d’acquisition et la valeur après réparation (ARV) est suffisante pour justifier l’investissement et le risque. Les meilleures opportunités sont souvent les pires maisons dans les meilleurs quartiers, et l’inspection est la seule façon de vous assurer que leurs problèmes sont rentables.

Financer son premier immeuble commercial : comment préparer un dossier solide que votre banquier ne pourra pas refuser

Passer du résidentiel au commercial, ou même simplement faire financer un plex avec une approche de valorisation forcée, exige de parler le langage des banquiers. Ils ne financent pas une « belle maison », ils investissent dans un actif générant des revenus. Votre dossier de prêt n’est pas une demande, c’est un plan d’affaires. Il doit démontrer, chiffres à l’appui, que votre projet est non seulement viable, mais profitable.

La première barrière à l’entrée au Canada est la mise de fonds. Pour un immeuble locatif, les exigences sont plus élevées que pour une résidence principale. Dans les faits, avec un apport de 20 %, vous pouvez souvent obtenir le feu vert sans avoir à payer l’assurance prêt hypothécaire (comme celle de la SCHL pour les plus petits immeubles), dont le coût peut plomber votre rentabilité. Pour des immeubles plus grands ou des montages jugés plus risqués, certaines banques peuvent exiger jusqu’à 25 %, voire 35 % d’apport.

Mais le capital n’est qu’une partie de l’équation. Votre crédibilité en tant qu’opérateur est tout aussi importante. Votre dossier doit inclure une analyse détaillée du bien : état actuel, potentiel locatif, comparables de loyers dans le secteur, et surtout, un budget de rénovation précis et un pro-forma financier. Ce pro-forma est votre pièce maîtresse : il montre les revenus locatifs actuels, les revenus projetés après travaux, le détail des dépenses opérationnelles, et le Revenu Opérationnel Net (RON) qui en résulte. C’est ce RON qui permettra au banquier de calculer les ratios clés comme le ratio de couverture de la dette (RCD) pour évaluer la capacité du projet à rembourser le prêt.

Pour les investisseurs plus audacieux qui cherchent à scaler rapidement, la solution réside souvent dans l’utilisation de l’argent des autres (Other People’s Money – OPM) via des partenariats (Joint Ventures – JV). Comme l’explique Matt McKeever, il est possible de bâtir des empires sans utiliser son propre capital :

L’immobilier maintenant est entièrement financé par des partenaires JV et OPM (l’argent des autres). Il y a une entité récente qui fait du BRRRR sur des immeubles à appartements. Je n’ai jamais mis un dollar dans cette corporation. Nous avons maintenant 40 ou 50 unités dans cette corporation.

– Matt McKeever, Explore FI Canada Podcast

Que vous utilisiez vos fonds ou ceux de partenaires, la rigueur du dossier reste la même. Un banquier qui voit un plan d’affaires clair, des projections réalistes et un opérateur qui comprend les métriques clés est un banquier rassuré, et donc plus enclin à dire « oui ».

À retenir

  • Passez d’une mentalité de propriétaire à celle d’un « fabricant de valeur » axé sur l’optimisation du Revenu Opérationnel Net (RON).
  • La stratégie BRRRR est un outil de « vélocité du capital » : son but est de recycler votre mise de fonds le plus vite possible pour accélérer votre croissance.
  • Au Canada, anticipez les délais de « seasoning » des prêteurs (souvent 1 an) avant de pouvoir refinancer sur la base de la nouvelle valeur.

Investir dans l’immobilier au Canada : la méthode complète pour réussir son premier achat et bâtir son patrimoine

Bâtir un patrimoine immobilier au Canada est une ambition partagée par beaucoup, attirés par un marché dynamique et un système financier robuste. Le pays bénéficie d’une économie stable, d’un faible taux de chômage et de banques solides, créant un environnement propice à l’investissement. Pour l’investisseur qui cherche à aller au-delà du simple achat d’une résidence principale, le succès repose sur une méthode et une discipline de fer.

La première étape est de ne pas se limiter géographiquement. Les opportunités ne sont pas toujours au coin de la rue. Des experts canadiens estiment que dans un rayon de 3 à 4 heures de n’importe quel grand centre en Amérique du Nord, il existe un marché où la « règle du 1% » (loyers mensuels = 1% du coût de l’actif) est encore applicable. Des régions comme le sud-ouest de l’Ontario ont prouvé être des terrains de jeu fertiles pour des stratégies comme le BRRRR, alors que les centres-villes de Toronto ou Montréal offrent des dynamiques différentes, plus axées sur l’appréciation du capital à long terme.

Une fois le marché identifié, la recherche de propriétés devient primordiale. Au Canada, contrairement aux États-Unis, le réseautage personnel est souvent la stratégie la plus efficace pour trouver des « off-market deals ». Établir des relations avec des courtiers immobiliers, des grossistes et d’autres investisseurs est fondamental. De plus, il ne faut pas se laisser paralyser par la complexité administrative. Beaucoup de nouveaux investisseurs perdent un temps précieux à chercher la structure corporative « parfaite ». Pour un premier ou deuxième achat, investir en nom personnel présente peu de risques et permet d’agir rapidement.

L’utilisation de partenariats (JV) est un puissant accélérateur. Proposer un montage où vous empruntez les fonds d’un partenaire, achetez et rénovez ensemble, puis lui remboursez son capital en moins d’un an après refinancement tout en partageant l’équité restante est une proposition de valeur difficile à refuser. Cela vous permet de scaler vos opérations bien au-delà de ce que vos propres liquidités vous permettraient. En adoptant cette approche entrepreneuriale, vous ne vous contentez pas d’acheter de l’immobilier, vous construisez une véritable entreprise de création de valeur.

En somme, cesser de subir le marché pour en devenir un acteur proactif est un changement de paradigme. Il exige de la rigueur, une analyse financière pointue et une volonté d’aller chercher la valeur là où les autres ne voient que des problèmes. Pour mettre en pratique ces stratégies et commencer à fabriquer activement la valeur de votre parc immobilier, l’étape suivante consiste à analyser votre prochain achat potentiel non pas comme un logement, mais comme une unité de production de revenus.

Rédigé par Stéphane Girard, Stéphane Girard est un investisseur immobilier chevronné et un conseiller en patrimoine depuis plus de 20 ans. Il se spécialise dans les stratégies d'investissement locatif résidentiel et commercial pour les particuliers.